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« On ne dissout pas un soulèvement » est bien plus qu’un simple livre, c’est une déclaration de guerre pacifique contre l’oppression d’un capitalisme radicalisé qui nous conduit vers une misère environnementale et sociale, tout en nous précipitant vers une mort inexorable. Réunissant les voix de Geneviève Azam, Jérôme Baschet, Aurélien Berlan, Blue Monk, Christophe Bonneuil, Isabelle Cambourakis, Confédération paysanne, Alain Damasio, Des cantinières et cantiniers de l’Ouest, Philippe Descola, Virginie Despentes, Alix F. , Malcom Ferdinand, David Gé Bartoli, Sophie Gosselin, Florence Habets, Lea Hobson, Celia Izoard, François Jarrige, Léna Lazare, Julien Le Guet, Cy Lecerf Maulpoix, Martine Luterre, Marcelle et Marcel, Virginie Maris, Tanguy Martin, Gaïa Marx, Baptiste Morizot, Naturalistes des Terres, Kassim Niamanouch, Lotta Nouqui, Alessandro Pignocchi, Geneviève Pruvost, Kristin Ross, Scientifiques en rébellion, Isabelle Stengers, Françoise Vergès, Eduardo Viveiros de Castro, Terra Zassoulitch et de dizaines d’organisations internationales, cet ouvrage publié par les éditions Seuil en 2023 est une œuvre d’une urgence palpable et d’une profonde résonance.
Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans un monde où la résistance est un acte de survie. Les auteurs ne se contentent pas de dénoncer les injustices, mais ils offrent également un manifeste pour l’action. Leur message est clair : la passivité est complice, et seule une action issue de l’intelligence collective peut induire le changement radical nécessaire pour sauvegarder notre planète et ses habitants.
Ce qui rend cet ouvrage particulièrement fascinant, c’est la manière dont il établit des parallèles frappants avec les idéaux de l’écologie sociale telle que prônée par Murray Bookchin. Les Soulèvements de la Terre semblent embrasser pleinement les concepts de Bookchin, notamment en ce qui concerne la nécessité de réorganiser la société selon des principes écologiques et égalitaires. Comme le soulignait Bookchin, la crise écologique est aussi une crise sociale, et les Soulèvements de la Terre intègrent cette perspective de manière percutante.
Tout comme Bookchin l’a proposé, les auteurs de « On ne dissout pas un soulèvement » rejettent l’idée selon laquelle la lutte pour l’environnement devrait être séparée des luttes pour la justice sociale. Au contraire, ils mettent en lumière les intersections complexes entre les deux, soulignant que la libération humaine est inextricablement liée à la défense et à la libération de la nature – et vice versa.
L’ouvrage offre également des réflexions profondes sur la démocratie directe, un concept cher à Bookchin. Les Soulèvements de la Terre mettent en avant l’importance de la participation citoyenne et de la prise de décision collective dans la construction d’un avenir soutenable et digne. Ils rejettent les structures de pouvoir centralisées et favorisent une approche décentralisée et inclusive où chaque voix compte.
Enfin, « On ne dissout pas un soulèvement » est un appel à l’action immédiate. Les auteurs ne se contentent pas de décrire les problèmes, mais ils offrent également des solutions concrètes et des pistes d’action pour ceux qui sont prêts à se joindre à la lutte.
En conclusion, « On ne dissout pas un soulèvement » est un livre essentiel pour quiconque se soucie de l’avenir de notre planète et des générations futures. En s’appuyant sur les idéaux de l’écologie sociale de Murray Bookchin, les Soulèvements de la Terre offrent un plan audacieux pour un changement révolutionnaire. C’est un appel à la résistance, à la solidarité et à l’espoir dans un monde qui en a désespérément besoin.
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« La Révolution d’un Seul Brin de Paille – Une Introduction à l’Agriculture Sauvage » de Masanobu Fukuoka offre une perspective fascinante sur l’agriculture et notre rapport à la nature. Publié en 2000 par l’éditeur Guy Trédaniel, cet ouvrage est devenu une référence incontournable pour ceux qui cherchent à repenser nos pratiques agricoles et à adopter une approche plus respectueuse de l’environnement.
Fukuoka prône une philosophie de « lâcher-prise » qui consiste à laisser la nature suivre son cours plutôt que de chercher à la contrôler. Cette approche, basée sur des techniques telles que la culture en couches de paillis et la non-utilisation d’engrais chimiques, a été saluée pour sa capacité à restaurer la fertilité du sol et à promouvoir une agriculture plus durable.
Cependant, malgré ses mérites, l’approche de Fukuoka du « lâcher-prise » semble manquer cruellement de perspectives politiques tangibles pour répondre aux enjeux sociaux et écologiques cruciaux de ce siècle. En se concentrant principalement sur des méthodes agricoles individuelles et sur la relation directe entre l’homme et la terre, Fukuoka laisse de côté les questions plus larges de justice sociale, d’équité économique et de responsabilité environnementale.
Dans un monde où les défis tels que le changement climatique, la déforestation et la pauvreté rurale sont de plus en plus pressants, une approche purement individualiste de l’agriculture sauvage risque de passer à côté des solutions systémiques nécessaires pour aborder ces problèmes de manière holistique. Les questions de distribution des ressources, d’accès à la terre et de soutien aux communautés agricoles marginalisées sont des aspects essentiels qui nécessitent une réflexion politique et des actions concertées.
En ce sens, bien que « La Révolution d’un Seul Brin de Paille » offre une inspiration précieuse pour repenser notre rapport à la terre, il ne fournit pas nécessairement les réponses complètes aux défis socio-écologiques complexes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. Compléter l’approche de Fukuoka par une analyse politique plus approfondie et des efforts pour promouvoir des politiques agricoles et environnementales équitables et durables pourrait être nécessaire pour véritablement transformer nos systèmes alimentaires et notre relation avec la nature.
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« La rébellion zapatiste – Insurrection indienne et résistance planétaire » de Jérôme Baschet, édité par Flammarion en 2019, présente une analyse approfondie de l’expérience zapatiste au Chiapas, au Mexique, et explore son impact sur les mouvements de résistance à l’échelle mondiale.
Baschet, historien et chercheur de renom, offre une perspective unique sur la rébellion zapatiste en mettant en lumière ses racines historiques, sa philosophie politique et sa portée mondiale. Il contextualise habilement l’émergence du mouvement dans le Chiapas, en soulignant les injustices sociales et économiques qui ont alimenté la révolte des communautés indigènes contre le gouvernement mexicain.
L’auteur décrit de manière vivante les premiers jours de l’insurrection en 1994, marqués par l’occupation de plusieurs villes du Chiapas par les forces zapatistes et leur déclaration de guerre contre le gouvernement. Il explore également la façon dont le mouvement zapatiste a évolué au fil du temps, passant de la lutte armée à une stratégie plus axée sur la construction d’autonomie et la résistance pacifique.Baschet offre en effet un regard éclairant sur la genèse, l’évolution et les implications de cette rébellion, ouvrant la voie à une réflexion sur son applicabilité potentielle dans d’autres contextes, notamment en France et en Europe. Cependant il n’omet pas d’explorer les défis et les dilemmes auxquels le mouvement zapatiste est confronté à mesure qu’il s’efforce de concilier ses idéaux révolutionnaires avec les réalités politiques et économiques contemporaines.
L’expérience zapatiste offre plusieurs leçons précieuses pour le développement d’un processus révolutionnaire en France et en Europe. Tout d’abord, le mouvement zapatiste a démontré la possibilité de construire des alternatives au sein même du système dominant. En mettant en œuvre des pratiques d’autonomie locale, de démocratie directe et de solidarité communautaire, les zapatistes ont créé des espaces où les structures étatiques et capitalistes sont contournées, offrant ainsi un exemple inspirant pour les mouvements révolutionnaires en Europe.
Deuxièmement, l’approche du mouvement zapatiste en matière de diversité et d’inclusion est instructive. Les zapatistes ont su unir différents groupes ethniques, cultures et sexes dans leur lutte, créant ainsi une force collective diversifiée et solide. Cette approche pourrait être adaptée en Europe pour construire des coalitions larges et inclusives capables de mobiliser un soutien populaire en faveur du changement révolutionnaire.
Enfin, l’engagement des zapatistes envers la résistance pacifique et la construction d’alternatives concrètes offre des pistes pour les stratégies et les tactiques révolutionnaires en Europe. Plutôt que de se concentrer uniquement sur la confrontation violente, les zapatistes ont privilégié la construction de nouvelles formes de vie sociale, économique et politique au sein de leurs communautés. Ce modèle pourrait inspirer les mouvements révolutionnaires en Europe à adopter une approche plus holistique, axée sur la construction de contre-pouvoirs locaux et la création d’alternatives concrètes au capitalisme.
En tenant compte de ces leçons, les stratégies et tactiques révolutionnaires adaptées au renversement du système capitaliste en Europe pourraient inclure :
1. La construction de réseaux de solidarité et d’organisation communautaire à l’échelle locale, capable de fournir des services essentiels et de répondre aux besoins fondamentaux des populations marginalisées.
2. La création d’alliances larges et inclusives entre différents groupes sociaux, culturels et politiques, afin de mobiliser un soutien populaire massif en faveur du changement révolutionnaire.
3. L’adoption de tactiques de désobéissance civile et de résistance non violente pour perturber les structures de pouvoir capitalistes et mettre en évidence les injustices du système.
4. La promotion d’alternatives économiques et politiques concrètes, telles que les coopératives de travailleurs, les jardins communautaires et les systèmes de démocratie directe, pour démontrer la viabilité et la faisabilité d’un changement radical.
En conclusion, « La rébellion zapatiste » offre une source précieuse d’inspiration et de réflexion pour les mouvements révolutionnaires en France et en Europe. En tirant des enseignements de l’expérience zapatiste, il est possible de développer des stratégies et des tactiques révolutionnaires adaptées au contexte européen, capables de défier efficacement le système capitaliste et de construire des alternatives viables et durables. -
« La société ingouvernable – Une généalogie du libéralisme autoritaire » de Grégoire Chamayou, publié en 2018 aux éditions La Fabrique, est un ouvrage qui plonge profondément dans les racines et les ramifications du libéralisme autoritaire. Chamayou offre une analyse perspicace de ce phénomène complexe, explorant ses origines historiques et son impact contemporain sur la société.
L’auteur remonte aux origines de cette notion en examinant les fondements philosophiques et politiques qui ont façonné le libéralisme autoritaire. Il explore comment les idées de contrôle social, de domination et de gouvernance ont été intégrées dans les théories libérales, souvent présentées comme des moyens de garantir la liberté individuelle mais qui, dans la pratique, ont conduit à des formes de pouvoir autoritaire.
Chamayou décrit avec finesse comment le libéralisme autoritaire s’est manifesté à travers diverses institutions et pratiques, telles que la surveillance de masse, le contrôle technologique, la militarisation de la sécurité intérieure et la répression des dissidences. Il met en lumière les tensions entre les principes libéraux proclamés et les pratiques autoritaires mises en œuvre au nom de la sécurité et de l’ordre.
L’auteur met également en évidence les conséquences sociales et politiques du libéralisme autoritaire, notamment la remise en question des libertés civiles, l’accroissement des inégalités et la fragmentation de la société. Il invite le lecteur à réfléchir sur les implications de ces tendances pour la démocratie et les droits individuels.
L’écriture de Chamayou est dense mais accessible, offrant une analyse approfondie tout en restant accessible à un large public. Son approche interdisciplinaire, combinant philosophie politique, histoire et analyse sociale, enrichit la compréhension du lecteur sur un sujet complexe et crucial pour notre époque.
En conclusion, « La société ingouvernable – Une généalogie du libéralisme autoritaire » est un ouvrage essentiel pour quiconque s’intéresse aux enjeux contemporains de la gouvernance, de la liberté individuelle et de la démocratie. Chamayou offre une contribution précieuse à la réflexion critique sur les défis auxquels notre société est confrontée, tout en invitant le lecteur à envisager des alternatives pour un avenir plus juste et égalitaire.En complément, merci de retrouver, via le lien ci-dessous, une recension de même ouvrage de la part d’un de mes compagnon de l’Atelier d’Écologie Sociale et Communalisme comprenant quelques citations tirées du livre : https://ecologiesocialeetcommunalisme.org/2024/04/10/la-societe-ingouvernable/