Construire une multiplicité de mondes meilleurs

L’ouvrage « Adieux au capitalisme – Autonomie, société du bien vivre et multiplicité des mondes » de Jérôme Baschet, paru aux éditions La Découverte en 2016, constitue une lecture incontournable pour quiconque souhaite explorer les alternatives au système économique dominant. Dans cette recension, nous tenterons d’examiner comment cet ouvrage dialogue avec les idées de Murray Bookchin tout en apportant ses propres contributions originales.

Tout d’abord, Jérôme Baschet partage avec Murray Bookchin une vision critique du capitalisme, de ses limites intrinsèques et de ses impacts destructeurs sur la société et l’environnement. Comme Bookchin, Baschet remet en question les fondements du capitalisme et propose des alternatives radicales, des voies possibles vers une société plus équitable et écologiquement soutenable. L’auteur adopte une approche pluridisciplinaire, mêlant analyses historiques, politiques et anthropologiques pour décortiquer les mécanismes du capitalisme et mettre en lumière les luttes émergentes pour son dépassement.


L’une des forces de cet ouvrage réside dans sa capacité à articuler une critique lucide du capitalisme avec une exploration des alternatives concrètes qui émergent à travers le monde. Baschet met en avant les luttes autonomistes, les mouvements écologistes, les expériences de démocratie participative ainsi que les initiatives de « bien vivre » inspirées par les traditions autochtones. Cette approche permet de dépasser le simple constat de crise pour ouvrir des perspectives d’action et d’émancipation. En mettant ainsi en lumière cette multiplicité des luttes et des expérimentations qui émergent dans différentes régions, il souligne ainsi l’importance de reconnaître et de valoriser cette diversité dans la construction d’un monde post-capitaliste. En ce point, même si elles ne semblent pas incompatibles son approche diffère de celle de Bookchin dont la proposition compose essentiellement autour des notions d’écologie sociale et de communalisme.

Par ailleurs, l’écriture de Baschet est accessible et fluide, ce qui rend la lecture agréable malgré la complexité des sujets abordés. L’auteur parvient à articuler des concepts théoriques avec des exemples concrets, rendant ainsi son propos à la fois érudit et ancré dans la réalité.

De plus, Baschet accorde une attention particulière à la notion de « bien vivre » inspirée par les mouvements indigènes en Amérique latine. Cette idée de vivre en harmonie avec la nature et les autres êtres humains tout en respectant les limites écologiques de la planète constitue un pilier central de sa réflexion. Tout comme Bookchin au travers de l’écologie sociale, Baschet traite cette dimension en y intégrant des perspectives indigènes et en soulignant l’importance de reconnaître et de protéger les savoirs et les modes de vie autochtones.

Cet ouvrage se distingue donc par sa volonté de mettre en avant la diversité des expériences et des imaginaires politiques qui contestent le capitalisme. Plutôt que de proposer une solution universelle, Baschet invite à reconnaître et à valoriser la multiplicité des mondes possibles, inscrivant ainsi sa réflexion dans une perspective résolument pluraliste et émancipatrice.

En somme, « Adieux au capitalisme » est un livre essentiel pour tous ceux et celles qui s’intéressent aux enjeux de notre époque et qui cherchent des pistes pour construire un avenir plus juste et solidaire. Jérôme Baschet offre ici une contribution stimulante et inspirante à la réflexion sur les alternatives au capitalisme, invitant chacun à s’engager dans la construction d’une multiplicité de mondes meilleurs.

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